2006
est une année exceptionnelle à Charleville-Mézières
pour au moins 4 raisons.
1
- Première raison :
C’est
le 400ème anniversaire de la naissance de la ville de
Charleville fondée en 1606 par un riche prince italien Charles
de Gonzague, duc de Rethel et de Nevers, neveu d’Henri IV. Le 26
mai 1606, le prince de Mantoue eut la vision d’une ville nouvelle et prospère,
idéalement située dans une boucle de la Meuse. Il décida
d’articuler l’ensemble de la construction de la ville autour de la place
Ducale avec une harmonie et une symétrie rigoureuse.
La
place Ducale fut édifiée par l’architecte Clément
Métezeau sur le modèle de la place des Vosges à Paris
dessinée quelques années auparavant par son frère
Louis. 20 ans furent nécessaires pour élever ses 27 pavillons
de pierre de Dom (calcaire ocre, extrait dans la région de Charleville
Mézières) et de brique, chaussés de belles arcades
et coiffés de toits d’ardoise ardennaise très pentues. Des
difficultés financières empêchèrent Charles
Gonzague de faire clore ce quadrilatère de 127 mètres de
long sur 90 de large par le palais ducal, qu’il comptait voir s’élever
à la place de l’actuelle mairie.

Mais
Charleville ne fut pas seulement une affaire de prince riche et d’architecte
visionnaire. Ce fut aussi une ville ouverte et une terre d’asile :
l’installation des nouveaux habitants était facilitée par
des exemptions d’impôts ou des dons de terrains. Charleville accueillit
sans distinction des catholiques, des juifs, des protestants et même
des personnes poursuivies pour dettes ou crimes…
2
– Deuxième raison :
C’est
le quarantième anniversaire de la naissance de Charleville Mézières.
Le 1er octobre 1966. Après de longues années
d’hésitations et grâce à l’influence du maire de Charleville
André Lebon, les communes de Charleville, Mézières,
Mohon, Etion et Montey Saint Pierre s’unissent. Avec la fusion, la ville
passe de 25 000 à 60 200 habitants, mais perd depuis
de la population ; elle en compte 58 092 habitants au dernier
recensement.
3
– Troisième raison :
C’est
le XIVème festival mondial des Théâtres de Marionnettes,
fondé par le carolomacérien Jacques Félix (1923-2006),
qui rassemble, tous les 3 ans, et peut-être bientôt tous les
2 ans, les créateurs des personnages de papier et de chiffons.
En 2003, il a réuni 250 troupes venues de 36 pays et plus de 130 000
spectateurs, sans compter les spectateurs des animations de rues, (le
" off " comme on dit) dont nous ferons partie. Le
but de ce festival populaire est pour les artistes de se faire connaître :
mais point d’oscar, point de césar, point de prix à gagner :
la seule récompense est ici les applaudissements des spectateurs.
4
– Quatrième raison :
C’est
la deuxième randonnée de l’année 2006-2007 et la
seule qui se déroulera en milieu urbain : raison de plus pour
y participer en vous rappelant qu’un randonneur urbain doit être
bien chaussé (n’hésitez pas à mettre vos chaussures
de marche, vous éviterez l’échauffement de vos pieds) et
qu’il doit être particulièrement attentif à la circulation
automobile.
Mais
pourquoi avoir intitulé la randonnée " Charlestown
et le XIVème festival des théâtres de marionnettes "
alors que nous allons à Charleville ? Qui appelait Charleville,
Charlestown (en anglais, ville se dit town) ?

Charlestown
était le surnom, que par dérision, Jean-Nicolas Arthur Rimbaud,
né le 10 octobre 1854 donne à sa ville natale qu’il détestait,
car affirmait-il, elle est " supérieurement idiote "
ou ce n’est qu’un " triste trou ". Il n’y rencontrait
que des " bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs "
et qui " portent leurs bêtises jalouses ". Il
n’entendait au kiosque à musique situé toujours près
de la gare qu’" un orchestre guerrier " dont " les
rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs ". Il
n’y voyait que des " bourgeois à la bedaine flamande ",
des " grosses dames ", des " épiciers
retraités " ou des " pioupious "
( c'est-à-dire des militaires) qui caressent les bébés
pour enjoliver les bonnes " (Extraits du poème " A
la musique " d’Arthur Rimbaud).

En
réalité Charleville n’est pas une ville plus idiote que
d’autres cités : mais quand Rimbaud écrit cela, il
est en pleine crise d’adolescence et il aurait pu dire cela de n’importe
quelle ville de province dans laquelle il aurait vécu. S’il s’y
ennuie, il s’ennuiera souvent " terriblement " dans
toutes les villes et les pays qu’il traversera.
Rimbaud
n’a jamais tenu en place. Dès l’enfance, ce brillant élève
manifeste un goût immodéré pour le mouvement, les
fugues, les escapades, les voyages " L’homme aux semelles de
vent " comme l’appelait son ami Verlaine deviendra, un jour,
sans nul doute, le patron des randonneurs.

Nous
tenterons de suivre les traces dans Charleville, de ce " bateau
ivre " ayant rompu toute amarre. Nous passerons devant l’une
des 6 maisons qu’occupait la famille RIMBAUD, ainsi que devant le Vieux
Moulin, dessiné par le même architecte que la place Ducale,
et qui abrite désormais un musée. Nous ne serons pas sans
voir une statue de Rimbaud de même que celle de Charles de Gonzague,
qui fut érigée en 1899 sur la place Ducale grâce au
legs d’une riveraine et qui fut déplacée un siècle
plus tard au point central. Nous n’oublierons pas les marionnettes en
nous rendant, à l’heure pile, voir " l’horloge du Grand
Marionnettiste " nous raconter un rapide tableau de la légende
ardennaise des quatre fils AYMON.
Nous
nous promènerons –plus ou moins longtemps en fonction du temps-
sur les berges de la Meuse et sur les pentes du Mont Olympe, après
avoir traversé la passerelle éponyme ouverte au public en
1932. Le Mont Olympe fut longtemps nommé " montagne de
Chastelet " car dans l’antiquité gallo-romaine un " castellum "
(petit camp fortifié) y était positionné pour protéger
Montcy Saint-Pierre. Charles de Gonzague lui donnera son nom actuel. Une
citadelle y fut construite en 1627, qui défendait la Meuse. Louis
XIV la fera raser 60 ans après sa construction. Le Mont Olympe
a ensuite été racheté par des familles bourgeoises.
Le côté nord est devenu résidentiel et le versant
sud s’est transformé en parc, acheté par la ville en 1927.
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