RANDONNEE du 24 septembre 2006

Charlestown et le Festival des Théâtres de Marionnettes
(Reconnue par Sylvie et Philippe le 15 septembre)

2006 est une année exceptionnelle à Charleville-Mézières pour au moins 4 raisons.

1 - Première raison :

C’est le 400ème anniversaire de la naissance de la ville de Charleville fondée en 1606 par un riche prince italien Charles de Gonzague, duc de Rethel et de Nevers, neveu d’Henri IV. Le 26 mai 1606, le prince de Mantoue eut la vision d’une ville nouvelle et prospère, idéalement située dans une boucle de la Meuse. Il décida d’articuler l’ensemble de la construction de la ville autour de la place Ducale avec une harmonie et une symétrie rigoureuse.

La place Ducale fut édifiée par l’architecte Clément Métezeau sur le modèle de la place des Vosges à Paris dessinée quelques années auparavant par son frère Louis. 20 ans furent nécessaires pour élever ses 27 pavillons de pierre de Dom (calcaire ocre, extrait dans la région de Charleville Mézières) et de brique, chaussés de belles arcades et coiffés de toits d’ardoise ardennaise très pentues. Des difficultés financières empêchèrent Charles Gonzague de faire clore ce quadrilatère de 127 mètres de long sur 90 de large par le palais ducal, qu’il comptait voir s’élever à la place de l’actuelle mairie.

Mais Charleville ne fut pas seulement une affaire de prince riche et d’architecte visionnaire. Ce fut aussi une ville ouverte et une terre d’asile : l’installation des nouveaux habitants était facilitée par des exemptions d’impôts ou des dons de terrains. Charleville accueillit sans distinction des catholiques, des juifs, des protestants et même des personnes poursuivies pour dettes ou crimes…

2 – Deuxième raison :

C’est le quarantième anniversaire de la naissance de Charleville Mézières. Le 1er octobre 1966. Après de longues années d’hésitations et grâce à l’influence du maire de Charleville André Lebon, les communes de Charleville, Mézières, Mohon, Etion et Montey Saint Pierre s’unissent. Avec la fusion, la ville passe de 25 000 à 60 200 habitants, mais perd depuis de la population ; elle en compte 58 092 habitants au dernier recensement.

3 – Troisième raison :

C’est le XIVème festival mondial des Théâtres de Marionnettes, fondé par le carolomacérien Jacques Félix (1923-2006), qui rassemble, tous les 3 ans, et peut-être bientôt tous les 2 ans, les créateurs des personnages de papier et de chiffons. En 2003, il a réuni 250 troupes venues de 36 pays et plus de 130 000 spectateurs, sans compter les spectateurs des animations de rues, (le " off " comme on dit) dont nous ferons partie. Le but de ce festival populaire est pour les artistes de se faire connaître : mais point d’oscar, point de césar, point de prix à gagner : la seule récompense est ici les applaudissements des spectateurs.

4 – Quatrième raison :

C’est la deuxième randonnée de l’année 2006-2007 et la seule qui se déroulera en milieu urbain : raison de plus pour y participer en vous rappelant qu’un randonneur urbain doit être bien chaussé (n’hésitez pas à mettre vos chaussures de marche, vous éviterez l’échauffement de vos pieds) et qu’il doit être particulièrement attentif à la circulation automobile.

Mais pourquoi avoir intitulé la randonnée " Charlestown et le XIVème festival des théâtres de marionnettes " alors que nous allons à Charleville ? Qui appelait Charleville, Charlestown (en anglais, ville se dit town) ?

Charlestown était le surnom, que par dérision, Jean-Nicolas Arthur Rimbaud, né le 10 octobre 1854 donne à sa ville natale qu’il détestait, car affirmait-il, elle est " supérieurement idiote " ou ce n’est qu’un " triste trou ". Il n’y rencontrait que des " bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs " et qui " portent leurs bêtises jalouses ". Il n’entendait au kiosque à musique situé toujours près de la gare qu’" un orchestre guerrier " dont " les rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs ". Il n’y voyait que des " bourgeois à la bedaine flamande ", des " grosses dames ", des " épiciers retraités " ou des " pioupious " ( c'est-à-dire des militaires) qui caressent les bébés pour enjoliver les bonnes " (Extraits du poème " A la musique " d’Arthur Rimbaud).

En réalité Charleville n’est pas une ville plus idiote que d’autres cités : mais quand Rimbaud écrit cela, il est en pleine crise d’adolescence et il aurait pu dire cela de n’importe quelle ville de province dans laquelle il aurait vécu. S’il s’y ennuie, il s’ennuiera souvent " terriblement " dans toutes les villes et les pays qu’il traversera.

Rimbaud n’a jamais tenu en place. Dès l’enfance, ce brillant élève manifeste un goût immodéré pour le mouvement, les fugues, les escapades, les voyages " L’homme aux semelles de vent " comme l’appelait son ami Verlaine deviendra, un jour, sans nul doute, le patron des randonneurs.

Nous tenterons de suivre les traces dans Charleville, de ce " bateau ivre " ayant rompu toute amarre. Nous passerons devant l’une des 6 maisons qu’occupait la famille RIMBAUD, ainsi que devant le Vieux Moulin, dessiné par le même architecte que la place Ducale, et qui abrite désormais un musée. Nous ne serons pas sans voir une statue de Rimbaud de même que celle de Charles de Gonzague, qui fut érigée en 1899 sur la place Ducale grâce au legs d’une riveraine et qui fut déplacée un siècle plus tard au point central. Nous n’oublierons pas les marionnettes en nous rendant, à l’heure pile, voir " l’horloge du Grand Marionnettiste " nous raconter un rapide tableau de la légende ardennaise des quatre fils AYMON.

Nous nous promènerons –plus ou moins longtemps en fonction du temps- sur les berges de la Meuse et sur les pentes du Mont Olympe, après avoir traversé la passerelle éponyme ouverte au public en 1932. Le Mont Olympe fut longtemps nommé " montagne de Chastelet " car dans l’antiquité gallo-romaine un " castellum " (petit camp fortifié) y était positionné pour protéger Montcy Saint-Pierre. Charles de Gonzague lui donnera son nom actuel. Une citadelle y fut construite en 1627, qui défendait la Meuse. Louis XIV la fera raser 60 ans après sa construction. Le Mont Olympe a ensuite été racheté par des familles bourgeoises. Le côté nord est devenu résidentiel et le versant sud s’est transformé en parc, acheté par la ville en 1927. BONNE RANDO à TOUSAccueilPage suivante