RANDONNEE du 12 juin 2005 YAUQUE,
NEM ! Descente en canoë de la SEMOY (Ardennes) |
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Le spectacle qu'offrait la Semoy n'est certes pas rare : mais cette année, il pouvait être qualifié d'exceptionnel du fait du fleurissement sur l'eau de véritables tapis de renoncules. L'un des chauffeurs du mini-bus de l'association CARAVEL (www.caravel08.com) qui nous conduisait au-delà de l'ancien poste de douanes à Bohan, dans les Ardennes belges précisait que ce phénomène se produisait de façon cyclique tous les 4 ans environ. Des études ont été réalisées par nos voisins belges, études qui en sont restées au stage d'hypothèses sur l'origine de ces longues chevelures d'algues porteuses de milliers de petites fleurs blanches : certaines disent que les tapis de fleurs qui couvrent, par endroits, la Semoy sont dus à l'excellente qualité de l'eau, d'autres aux conditions climatiques propices au développement de la renoncule. Le président Michel Braux était légèrement inquiet ; il se demandait si la vingtaine de canoë ne risquait pas d'être bloqué par cette barrière de fleurs. Il aurait plutôt dû être rassuré : partis en convoi de Bezannes, nous étions tous bien arrivés à Tournavaux, village fondé par les chanoines de Braux à la fin du XIIème siècle, Braux (qui vient de " braco " : terre humide et fertile), village industriel situé à quelques kilomètres de là, théâtre d'émeutes et de manifestations en 1911, comme dans toute la vallée de la Meuse, contre la vie chère et la faiblesse des salaires ouvriers. Regrettait-il que Braux n'existait plus, fusionnée en 1967 avec les communes voisines de Château Regnault et Levrezy sous le nom de Bogny sur Meuse, présenté désormais dans les guides touristiques comme un " pays de légendes et de labeur " ? Très vite, il fut rassuré : les premiers canoës franchissaient les parterres de fleurs sans grande difficulté et les moins manoeuvriers (ou plutôt manœuvrières) d'entre nous bénéficiaient des conseils éclairés des canoéistes expérimentés qu'étaient Gilles, Eric et Serge. Après quelques vigoureux coups de pagaie en Belgique, nous arrivons dans la Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) des forêts et escarpements de la vallée de la Semoy et ses affluents caractérisée par des cours d'eau où se développe la truite, par des pelouses silicicoles, des chênaies acidiphiles et une forêt dense qui court de pentes en ravins. Nous prenons garde de ne déranger ni les pêcheurs ni les dizaines de couples (et petits) cygnes blancs, canards colverts et hérons cendrés ou héron-héron petit patapon, calembour dont on ne se lassa pas de toute la journée. La Semoy Nous traversons également des villages typiques des ardennes françaises, Sorendal, Les Hautes Rivières, communes frontalières qui ont souffert des guerres et des incursions des troupes. Pays d'élevage sous l'ancien régime, la petite industrie (clouterie, ferronnerie,…) s'y développa dès la fin du XVIIIème siècle. Actuellement, de nombreuses PME, souvent très spécialisées dans la mécanique de précision, sont toujours en activité. Le bourg se caractérise également par la présence de véritables maisons ardennaises en pierre de taille crayeuses et irrégulières, le toit recouvert d'ardoises bleues souvent extraites des ardoisières de Fumay ou de Rimogne. La maison ardennaise se caractérise aussi par la présence de la " beuquette " ou œil de bœuf, le plus souvent en pierre sertie d'un carreau. La beuquette était placée près du bac qui servait à faire la vaisselle, remplacé aujourd'hui par un évier. Les ménagères de l'époque jetaient les eaux usées dans ce bac et en profitaient pour " beuquer ", c'est-à-dire regarder ce qui se passait dans la rue. Peu après Hautes Rivières, Nicole et Marie, nous ont trouvé un endroit idéal pour pique niquer sur la rive gauche de la Semoy. Jean-Pierre nous rafraîchit en nous servant une eau déminéralisée, dont il garde jalousement le secret de fabrication. La descente en canoë se poursuivra toute l'après midi. Les premiers toucheront terre vers 17 h 30, certaines abandonneront avant, après avoir donné le meilleur d'elles-mêmes, d'autres arriveront beaucoup plus tard victimes d'une rencontre fortuite avec des kayakistes pressés. Le journal local n'évoquera pas leurs exploits, à jamais méconnus s'ils n'étaient immortalisés sur le site internet des amis randonneurs. Dans les Ardennes, existent deux journaux locaux : " l'Union " et " l'Ardennais ", appartenant au même éditeur de presse : leur contenu est strictement identique sauf la première page, qui a été conservée lors du rachat de " l'ardennais " par " l'union " pour éviter le boycott d'un journal que les vrais ardennais estimaient ne plus être le leur. La première page de " l'ardennais " comporte un éditorial d'un écrivain local Yanny Hureaux qui écrit chaque jour " la beuquette ", qui comme son nom l'indique raconte des anecdotes du terroir ou commente l'actualité locale. Cet éditorial se termine toujours par 2 mots du patois ardennais " yauque nem ! " qui signifie " étonnant, non ! " phrase culte de Pierre Desproges concluant " la minute nécessaire de Mr. Cyclopède". Devant la beauté de la vallée de la Semoy et la joie des canoéistes bezannais, heureux et épuisés pour certains d'avoir descendu la rivière sur 20 km, nous ne pouvons traduire notre émotion qu'en patois ardennais : Yauque, nem !. |
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BONNE
RANDO à TOUS![]() |
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