Randonnée du 27 Février 2005 Les
derniers trappeurs
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6 Heures - Ce dimanche matin, Eric s'éveillait ; même si tous les matins de la semaine, il s'était levé à 5 heures, on ne pouvait pas dire qu'il avait traîné au lit. Ces derniers jours, il avait fait froid et il avait neigé dans l'Est : il fallait donc qu'il se lève tôt pour déneiger et saler les routes du village. En plus, ce matin, il devait faire chauffer, à feu doux, le vin chaud au cherry qu'il avait préparé la veille et qu'emporteraient, dans leur randonnée de l'extrême les derniers trappeurs. 8 heures 30 - Sur le parking de l'école qu'Eric avait déneigé avec soin, l'homme et la femme garaient leur voiture diesel immatriculée dans les Ardennes : les Leblanc étaient, comme d'habitude, en retard au rendez-vous. Les trappeurs ne s'en offusquaient pas : ils avaient pris l'habitude de considérer que leur arrivée, saluée par de vigoureuses poignées de mains et des hochements de tête résignés, constituaient en réalité le signal du départ. Sylvie vérifia que le chocolat chaud ne verserait pas pendant le trajet et que Laurent qui venait de renverser maladroitement sur son jean élimé le précieux vin chaud, n'avait pas oublié son appareil photo numérique, grâce auquel il immortalisait leurs plus belles traques. Philippe compta les trappeurs : ils étaient une petite quinzaine dont des nouveaux qu'il ne fallait pas perdre pour conserver la confiance du Président et qu'il faudrait donc surveiller attentivement, comme le vin chaud sur le feu. Il remarqua qu'aucun chien ne les accompagnait : il donna le signal du départ et les randonneurs s'engouffrèrent dans les véhicules. Après avoir parcouru prudemment les quelques kilomètres qui les séparaient de Jouy-les-Reims, ils se garèrent devant l'église, complètement détruite pendant la guerre 14-18 et reconstruite en 1920. Le chœur de cette église présentait la particularité d'être orienté à l'ouest, alors que la tradition voulait qu'elle le soit vers l'est : l'orientation du chœur montrait le chemin de ces aventuriers (" Young men, go west "). Ils partirent donc vers l'ouest, empruntant une route qui se transforma rapidement en chemin, au fur et à mesure qu'elle prenant de l'altitude sur les contreforts de la Montagne de Reims. Arrivés au sommet, ils remarquèrent que les grappes de raisins, qui étaient restés sur les vignes depuis l'automne dernier, étaient gelées : les viticulteurs de la contrée ne pratiquaient pas la vendange tardive. Ils empruntèrent alors l'ancienne ligne de chemin de fer de la banlieue de Reims ouverte en 1903. La ligne partait de Reims et passait par Bezannes, Sacy, Villedommange, Jouy, Pargny et Clairizet. Après Clairizet la ligne se séparait en 2 tronçons l'un vers Fismes l'autre vers Dormans. Le transport de voyageurs avait cessé dès 1927 ; depuis l'arrêt de l'exploitation de la ligne, les rails et les traverses avaient été enlevées. Seules subsistaient des restes du tracé et quelques gares comme celle de Clairizet que les randonneurs contemplèrent un instant. Ils ne songèrent ni à l'origine gallo-romaine du nom Clairizet (" Claricello " : la clairière) ni à l'appellation du village au XVIIIè siècle " Clairizet lez Saint Euphraise, ni à l'année 1844 où la commune pris son nom actuel de Saint-Euphraise et Clairizet. Ils estimaient déjà la rudesse de la pente, au nord du village que certains d'entre eux disaient avoir déjà grimpé, à la bonne saison en VTT : mais les plus sages des trappeurs souriaient doucement : les pieds tendres, comme les appelait Lucky Luke, avaient l'habitude de raconter des exploits qu'ils ne réalisaient jamais. Ils réussirent, sans se perdre à emprunter les chemins qui couraient dans les vignes et dans les bois qui dominaient le village : ils observèrent, dans la neige des traces d'animaux sauvages : ils reconnurent des pattes de lapin ou de cerf, mais ils n'en aperçurent aucun. Au milieu du bois, près du ruisseau, ils firent une pause, grignotant quelques fruits secs : le retour serait difficile, le vent s'était levé. Ils reprirent leur marche en direction de Pargny. Le chemin était rude. Le vent avait formé des congères qu'ils traversaient, sans un mot, pressés d'arriver au village où ils pourraient se protéger du vent. Ils laissèrent à leur gauche l'église et le cimetière où était enterré le comte Robert d'Harcourt (1881 - 1965) passionné de lettres anciennes et germaniste émérite, devenu immortel en 1946 par son élection à l'Académie Française. Il revinrent enfin à leur point de départ bredouilles, fourbus et heureux, se réchauffèrent de quelques gobelets d'eau-de-feu, et se quittèrent, certains qu'ils se retrouveraient bientôt pour d'autres aventures. |
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BONNE
RANDO à TOUS![]() |
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